Ce 3ème jour de marche va nous emmener jusqu'à Moissac. En regardant la carte sur notre guide, nous savons ce qui nous attend : ça monte et ça descend !!
La journée s'annonce encore très chaude...
Comme toujours, nous essayons d'être vigilants au balisage : parfois une coquille, souvent un simple trait rouge/blanc sur un arbre , une pierre...
Nous marchons, nous marchons...lorsque brusquement on se dit que cela fait un petit moment que l'on n'a pas vu de balisage !
On rebrousse un peu chemin, on avance, à droite, à gauche ... RIEN ! :-(
Pas le moindre randonneur à l'horizon. J'avance un peu jusqu'à une ferme où une vieille dame me renseigne :
" Le chemin ? ah mais c'est pas par là ma ptite dame !
Ah ça, j'en vois tous les jours des pèlerins qui se perdent !
Attendez, je vais vous montrer... Excusez moi, je marche pas bien vite... Vous êtes bien courageuse, moi je marche autour de ma maison, ça me suffit bien ! ... Bon, vous voyez les poubelles tout en bas, et bien c'est là, vous tournez derrière et vous retrouverez le chemin !"
Cette vieille dame était charmante, nous avons suivi ses instructions...mais toujours pas de balisage. Là on commence à être inquiets.
Finalement, on arrête une voiture dont la conductrice nous renseigne : il faut que l'on rebrousse chemin d'un bon kilomètre. Le balisage est à moitié effacé, très peu visible.
Et bien, je vous l'annonce : ce genre de mésaventure me met de très mauvaise humeur. Se rallonger d'environ 3 kilomètres sur une étape de 26 me fait perdre mon sens de l'humour !
Mais rapidement, le joli paysage me fait retrouver le sourire.
Nous apprendrons en fin de journée que nous ne sommes pas les seuls à nous être perdus à cet endroit ...
Nous longeons de nombreux vergers d'abricotiers, de pêchers et de cerisiers. Et c'est avec plaisir que nous prenons quelques fruits bien murs et sucrés à souhait !
Cette étape n'en finit pas. Nous marchons beaucoup sur du macadam et il fait si chaud que le bitume fond !
Nous faisons une halte près d'une église et d'un cimetière. Astuce du marcheur, il y a toujours un point d'eau dans les cimetières !
Là nous faisons connaissances avec deux randonneurs. L'un a la cinquantaine, l'autre tout juste 20ans. Ils se sont rencontrés sur le chemin, et depuis marchent ensemble. Ils viennent du Puy en Velay et espèrent aller jusqu'à St Jacques.
Lorsque je m'étonne de trouver un si jeune homme sur le chemin avec la volonté d'aller jusqu'au bout, celui-ci me rétorque que lui est étonné d'y trouver des gens d'un certain âge car le GR65 est dur et malgré sa jeunesse, il en bave !
Nous arrivons enfin à l'entrée de la ville de Moissac.
Mais entre le panneau Moissac et le centre ville, il reste encore 3 kilomètres. La perspective d'une boisson fraîche à la terrasse d'un café m'aide à terminer cette étape.
A ce niveau, je peux dire que j'ai déjà parcouru 400 kilomètres depuis le Puy en Velay, certes, en plusieurs fois, mais j'affiche bien 400 kilomètres au compteur et j'en suis pas peu fière ! ;-)
Je terminerai cette étape longue et difficile par cette citation de Jacques Lanzmann :
Marcher, c'est retrouver son instinct primitif, sa place et sa vraie position, son équilibre mental et physique. C'est aller avec soi, sans autre recours que ses jambes et sa tête. Sans autre moteur que celui du coeur, celui du moral.